Inner Prose

prisme & surréalités

Il y a autant d'Histoires que d'Humains sur terre, et tout autant de déclinaisons colorimétriques que d'émotions possibles. Quittons le réel une fraction de seconde, teintons le monde d'une poésie sombre.

C'est une scène tissée de silences. Une trame criblée de moments muets. Une étoffe ajourée comme un ciel étoilé.

Mettre les mots comme des graines en terre c'est leur faire un adieu éphémère, avant que d'eux-mêmes ils ne grandissent et percent la surface, attirés invariablement par la lumière.

Un peu comme une âme qui ne se souvient plus comment s'ouvrir avant de se fendiller.
Un coeur qui s'oublie en chemin avant de se perdre avec félicité.
Une musique dont les notes se seraient emmêlées pour créer une mélodie familière.

Les fleurs sont des maux d'une si vaillante beauté.

Ignorantes de leur état & inconscientes de leur éclat, elles épousent leur croissance, sous la main caressante et cruelle de la nécessité.

Les fleurs sont des mots d'une si vacillante beauté.

S'en remettre aux aléas des éléments et s'offrir à Tous, pour Rien : y a t-il plus misérable magnificence qu'une corolle éclose dans la pénombre d'un silence ?


de l'abyme

la Percée

Boire ce paysage transparent et alcalin sans ciller.

A chaque gorgée c'est une nouvelle forme d'ivresse. Respirer plus profond, plus vrai, sans fond, d'un trait.

Le front haut, la bouche avide, les bras offerts.
Recevoir la morsure de l'hiver, accueillir la brûlure du froid.

Oui, voir Hiver comme je le vois, c'est comme mourir les yeux ouverts...

Regarder se déliter ces échardes duveteuses.
S'absoudre dans la mâchoire acérée des bois.

Hiver est un endroit qui ne dort et ne désemplit jamais.
Il ne connait ni onde, ni variations, ni trouble, ni sursaut.

L'éclatant du froid est un spectacle délicat et cruel qui se savoure pour soi, dans le silence et la solitude.

C'est un néant à perte de vue, à perte de flanc.
Le blanc est une absence. Infinie et éblouissante.

Le craquement du gel est un son qui éclabousse, nous dénude de notre ombre et nous détourne de notre Nord.

Le blanc est un néant diffracté comme la lumière : pluriel et à la fois si singulier dont je ne me lasserai jamais 

C'est la brèche de la conscience, l'implacable repartie de la constance.


la Complainte

de la banshee

Sur la pointe de mes pieds nus, je trace mon chemin. Mais vois-tu, le sable a sa propre loi, il ne reste jamais deux fois sur le même dessin. J'avance à l'aveugle, je poursuis ma route en figure anonyme dont l'empreinte sera engloutie par l'écume.
S'il n'y a qu'une chose immuable, c'est la ligne invariablement droite de l'horizon, la platitude de sa géométrie. Et même si je me sens parfois oppressée par son manque de relief et de variables, je finis par en savourer sa constance...

Et si les vagues se déchirent, s'étirent et s'échinent jusqu'à mes pieds, suis-je pour autant souveraine en ce château de sable précaire ?
Les algues qui se meuvent et forment d'ondulantes douves sur la rive, me fascinent et m'arrachent un doute sur le résultat de nos efforts.
L'océan connait la cruauté des aléas, le misérabilisme des humains et l'implacabilité du sort, et j'entends au loin cette voix anonyme me dire : on se couche comme l'on fait son lit, mais méfie toi de l'eau qui dort.

Crois-tu que la sagesse polissée des galets,
Qui, au gré de ces inlassables & infatigables étreintes,
Sera aussi vive que ces plaies à ciel ouvert,
Et moins amère que les sillons salés sur mes joues ?

Shore

Lamentations

J'ai longuement songé qu'il fallait couper et non déchirer. Mais il y a dans la complexité de nos iris des aspérités qu'aucune lame ne saurait tracer plus nettement qu'en les caressant maladroitement. Nos reliefs sont des paysages accidentés dont chaque mont ou creux est une mémoire cicatricielle, encore vive ou plus sourde. Nos souvenirs craquelés sont les plus riches car il réside en eux la place suffisante pour combler les lignes des leçons que nous n'avons pas encore pris le temps d'écrire. Non, nos âmes brisées ne sont pas faibles, ce sont des Cosmos en pleine expansion. Les instants de fragilité extrême ne sont pas un Destin. Ni les échecs notre Destination.

Le blanc est un néant diffracté comme la lumière : pluriel et à la fois si singulier dont je ne me lasserai jamais 

C'est la brèche de la conscience, l'implacable repartie de la constance.

Elles sont l'héritage de nos batailles, celles qui éprouvent nos nerfs, renforcent nos convictions, traquent chacune de nos incertitudes jusqu'à les rendre au néant.
Chaque craquelure est une invitation à prendre le large, naviguer sur les lames d'une tempête indomptée... Et si les flots sont cléments, peut-être permettront-ils de vivre les lendemain sans autant d'appréhension.

Il y a des fuites qui se déguisent en raccourcis, des chemins interrompus, des sentiers qui ne mènent nulle part. Marcher, chercher, arpenter, sans relâche...à la force d'une volonté qui n'accepte aucune défaite, d'un acte de foi qui ne s'en remet à aucune promesse, d'une rage sourde qui n'entend aucun appel. Obstinée comme la Destinée.

les felures

ne sont pas des failles

Dans un noir d'encre, ce sont de silencieux incendies qui m'agitent, comme autant de mots sous un feu muet, qui crépitent.

Tissus de Néant

Je te vois, impatient que tu es, à gratter le sol, à ronger les barreaux de ma cage thoracique... Comme tout fauve, les espaces restreints ont des allures de huis clos. Et la soif des espaces qui tutoient l'horizon.

Je le sais, les grands brasiers ont ce penchant naturel pour la conquête, ce besoin de spectaculaire pour asseoir leur existence. Et je te connais depuis toujours cet air belliqueux à vouloir embraser l'univers...

Au creux des coeurs meurtris reside ce pouvoir ambivalent d'aimer avec rage.

C'est à ce moment que les flammes courbent l'échine, ploient sous l'évidence, se rassemblent sur elles-mêmes, se parant d'une couleur plus dangereuse encore : tour à tour rouges puis bleues.

Tissée de Silences

Je suis comme ces félins de feu : cherchant le repos, l'oubli ou bien la dissolution... Mais à bout de forces, le sait-on ?

Doux mon cœur,
Repose-toi sur ton lit de braises : je te sens tant essoufflé et moi si esseulée.

Doux mon cœur,
J'entends tes doléances : la douleur se tapit là où elle peut exercer sa pleine furie.

Doux mon cœur,
J'ai vu ta rage colorer mes veines : bien qu'ayant la tête froide j'ai toujours le sang chaud.

Doux mon cœur, c'est à l'unisson que nous devons nous battre.
Doux mon cœur...

incendie

Le coeur

Une séance construite comme de l'écriture automatique, ne pas réfléchir, danser, agir, ne jamais faire la même prise deux fois.

que

des cendres

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